Il y a quelques jours, notre président a réuni ce que l’on appelle le parlement (l’assemblée nationale et le sénat) en congres à Versailles pour s’exprimer sur sa politique, ce qui avait été accompli et les projets de notre cher président. Ce petit rassemblement a également été le prélude à l’annonce d’un remaniement ministériel d’envergure.
Comme j’aime à le rappeler aux membres du peuple germanique que je croise sur mon lieu de travail chaque jour et qui me pressent de questions sur la particularité de la nation du nain surexcité, la France est un pays, sinon le pays du symbole. Il serait donc opportun de rappeler que c’était la première fois depuis Napoléon III que le président de la France (mais pas de tous les français) s’adressait ainsi au parlement. Qui plus est, cela c’est passé dans ce lieu ô combien symbolique qu’est le château de Versailles, dont on avait chassé pour l’occasion la masse les touristes.
Notre système politique est un système démocratique (donc où le pouvoir émane du peuple et n’est pas imposé au peuple) dont un des principe fondateur hérité de la philosophie du siècle des lumières est la séparation des trois pouvoirs : le pouvoir exécutif avec le petit nerveux qui fait semblant de prendre des décisions, le pouvoir législatif avec une ribambelle de parlementaire qui quand ils ne vérifient pas le confort des sièges de l’assemblée en y pionçant sous les caméras n’y vont carrément pas, et le pouvoir judiciaire avec les juges et les magistrats qui essaye tant bien que mal de faire respecter les lois votées par la précédente catégorie.
Selon le principe dit chacun chez soi et les vaches seront bien gardées, la séparation, donc l’indépendance de ses trois pouvoirs est nécessaire car cela permet le bon fonctionnement de chacun et d’éviter qu’un des trois joue au petit dictateur. Ce n’est pas un hasard si le dernier président en date à avoir parlé devant le parlement fut Louis Napoléon Bonaparte, plus connu sous le nom de Napoléon III ou encore Napoléon-le-petit. Ce n’est pas un hasard si c’est après son règne que l’on a interdit aux présidents de le faire. Ce n’est pas un hasard si tous les présidents se sont tenus à cette règle, y compris De Gaulle qui n’était pas le dernier question je prends tout le pouvoir pour moi.
Tous les présidents ont respecté la loi et donc le principe de séparation des pouvoirs. Notre président non. Ce n’est certes pas la première fois que le principe de la séparation des pouvoirs échappe au petit nerveux, les lecteurs réguliers ou occasionnels de l’excellentissime blog de maitre eolas savent à quel point l’indépendance du pouvoir judiciaire a été mise à mal ces dernières années pour être quasiment réduite à néant. La volonté de pouvoir du petit nerveux est une réalité qui dépasse le cadre strict des institutions de ce pays. Le démantèlement du CNRS l’année dernière témoigne de cette volonté de concentrer dans une seule paire de mains tous les pouvoirs possibles et de détruire ce qui pourraient y échapper. Le vote de la modification de la constitution n’a pas été en cela une surprise, juste une très désagréable découverte. Il est intéressant de noter que ce parlement se réuni à Versailles qui n’est pas à proprement parler un haut lieu de démocratie et d’équilibre des pouvoirs.
Qu’il est facile de tomber dans une critique du petit nerveux, qu’il est facile de tomber dans un anti-sarkozysme auquel je n’ajouterai ni primaire ni secondaire. L’homme a tous les pouvoirs, il est normal qu’il attire toutes les critiques et toutes les caricatures même s’il ne semble pas apprécier la deuxième catégorie. Il serait pourtant opportun de se rappeler que lui seul n’a pas pu accomplir ce contournement de principe. Il a été aidé, et bien aidé par les députés de la maison bleue. Et s’il y a bien des gens contre qui les critiques de concentration du pouvoir doivent se diriger, c’est bien contre toutes celles et tous ceux parmi les députés et les sénateurs qui ont voté cette modification de la constitution, de notre constitution, qui ont permis cette entorse à un principe fondamental de notre société et qui ont tout simplement vendu leur propre indépendance et leur propre pouvoir pour quelques miettes politiques. Tous ceux-là ne mérite rien de mieux que mon plus profond mépris.